Aller vers les cromlechs, dans les pâturages, fut au départ, motivé par le désir de vivre une expérience photographique, en montagne pastorale. Cheminer, observer, camper là où se dessine les reliefs d’un paysage façonné par les hommes, les animaux, les climat, les temps historiques et géologiques.
Dans ces cheminement photographique, éloigné du monde social, entre le ciel et la terre. Mon appareil photo me permet d'attribuer un sens magique à toute chose, à la matière, au vivant, aux évènements atmosphériques, aux rencontres éphémères, et de questionner les temporalités qui se côtoient dans ces espaces autres.
Les cromlechs sont comme les vestiges d'une utopie : un monde social inspiré de la forme circulaire des astres qui se serait construit avec la pluralité de ses points égaux et aurait accueilli la diversité du monde comme dans un jardin.
Le baratz (le jardin) ou Jentilbaratza, est le nom basque donnés aux cromlechs. Ce sont les cimetières-jardins des dieux de la mythologie pastorale. A l'image du tapis persans de Michel Foucault, "le tapis, c’est une sorte de jardin mobile à travers l’espace, des jardins qui abriterait l'univers"* : le cromlechs - baratz a peut être eu cette fonction, quelque part entre le néolithique et maintenant, d'être la plus petite parcelle du monde qui abrite sa totalité. Un jardin circulaire qui permet aujourd'hui de voyager non plus dans l'espace mais dans le temps ?
* Michel Foucault. Des espaces autres (1967), Hétérotopies.